Les recentes elections européennes ont  permis à nos valeureux journalistes de nous ressortir la menace de l’extreme droite.

Sauf que, à travers toutes l’europe, ces partis aux programmes differents (qui se rejoignent essentiellement sur l’arrêt de l’immigration de peuplement, la reindustrialisation de l’Europe et la fin de la course a la finançiarisation des economies européennes) sont parfois difficiles à amalgamer. Hors les courageux journalistes aiment l’amalgame, la simplification, la reduction, pour le bien du peuple qu’ils eduquent et informent.

Ainsi réapparait le mot populiste.

Definition :

Le populisme met en accusation les élites ou des petits groupes d’intérêt particulier de la société. Parce qu’ils détiennent un pouvoir, le populisme leur attribue la responsabilité des maux de la société : ces groupes chercheraient la satisfaction de leurs intérêts propres et trahiraient les intérêts de la plus grande partie de la population.

Donc le populisme a  tort. Les elites et les groupes d’interets particuliers ne dirigent pas nos sociétés, selon nos audacieux journalistes.

Pour leur clouer le bec, utilisons nous aussi le Verbe.  Populistes Vs Elitistes.

L’élitisme en France est l’attitude favorisant la formation d’une élite et l’accession des individus jugés comme étant les meilleurs aux postes de responsabilité en France. Il s’agit en ce sens d’une valeur républicaine qui se résume bien par devise révolutionnaire : La carrière ouverte aux talents, par opposition à une restriction par la naissance ; il fallait par exemple un certain nombre de quartiers de noblesse pour pouvoir être capitaine de corvette.

Les populistes (le PVV de Geert Wilders aux Pays-Bas, Philippe de Villiers en France, le parti du président Lech Kaczysnki en Pologne ou encore, en dehors de l’UE, l’UDCSuisse) . en

Les Elitistes : en France : UMP, PS, NPA, Europe Ecologie, Modem etc.

Sachons employer les arguments de l’adversaire.

Pour les gourmets, interview de JC  Camus au lendemain des Européennes  sur LCI  :

Jean-Yves Camus est chercheur associé à l’Institut des relations internationales et stratégiques. Il travaille notamment sur les extrémismes.


LCI.fr : Qui sont ces partis populistes et d’extrême droite qui ont réalisé de bons scores aux Européennes ?
Jean-Yves Camus :
Tout d’abord, il faut bien différencier les partis populistes et eurosceptiques des partis d’extrême droite proprement dit. On les assimile trop souvent, à tort, au point de créer la confusion.

La science politique distingue ainsi  trois vagues de partis d’extrême droite en Europe après 1945 -le FN fait partie de la 3e. J’en ajoute désormais une 4e, celle des « droites radicalisées, xénophobes et populistes ». Ce sont des mouvements issus de la droite démocratique et qui en font  toujours partie. Ils ont simplement adopté un agenda plus dur sur les questions d’immigration, de multiculturalisme et d’identité nationale, avec un point commun : une défiance vis-à-vis de l’islam. On peut par exemple intégrer dans cette mouvance le PVV de Geert Wilders aux Pays-Bas, Philippe de Villiers en France, le parti du président Lech Kaczysnki en Pologne ou encore, en dehors de l’UE, l’UDC en Suisse.

Mais ces partis n’ont rien en commun avec des formations d’extrême droite pure et dure comme le British national party, néo-fasciste, antisémite et négationniste. C’est donc méconnaître le sujet de les classer dans la même catégorie et même contreproductif. L’exemple Geerts Wilders montre bien que les thématiques xénophobes peuvent prendre racine à l’intérieur des droites démocratiques.

« Abstention, conjoncture nationale, Turquie« 

LCI.fr : Comment expliquer cette percée, soit des partis populistes, soit de l’extrêmedroite ?
J.-Y. C. : Il y a plusieurs raisons. Tout d’abord, en Europe centrale et orientale, par un taux de participation extrêmement faible. Dans cette région, l’enjeu des Européennes est secondaire. Or l’abstention massive facilite l’expression des extrémismes politiques et des eurosceptiques, qui sont toujours très mobilisés. Ensuite, par des conjonctures proprement nationales : en Hongrie, par exemple, la coalition de gauche au pouvoir est totalement discréditée, au point que le Premier ministre a été contraint de démissionner.

Il y a également eu des incertitudes sur le contenu même de la géographie de l’Europe : doit-elle englober ou exclure la Turquie ?  Le sujet a été mis en avant par Geert Wilders, par la Ligue du Nord en Italie ou par le parti Ataka en Bulgarie, voisine de la Turquie. Il a fortement mobilisé. De son côté, si la question des flux migratoires a été secondaire en France, elle a revanche été très importante sous la forme du multiculturalisme. Silvio Berlusconi a ainsi affirmé que l’Italie n’était pas multiculturelle.

Enfin, il y a un réel problème de légitimité des instances européennes. Les citoyens estiment que la Commission européenne, non élue au suffrage universel, a trop de pouvoirs par rapport au Parlement. De même, le fait que le Parti populaire européen et le Parti socialiste européen trouvent très souvent des accords sur la plupart des sujets donne l’impression que le système est totalement verrouillé. Il y a sans doute eu une volonté de le faire tanguer. Malgré tout, les populistes et l’extrême droite, tout comme les altermondialistes et eurosceptiques de gauche, resteront marginaux dans le nouveau Parlement.

LCI.fr : Généralement, la crise économique profite également aux extrêmes
J.-Y. C. : Tout à fait. Mais paradoxalement, sur ce point précis, la crise a incité les Européens à favoriser les partis de gouvernement. On sait que l’on est installé durablement dans la crise. Et plutôt que voter pour des partis qui rejettent le système dans son ensemble et n’ont guère de chances de parvenir au pouvoir, on mise sur les capacités des gouvernements en place de trouver des solutions pratiques et concrètes. Et peu importe si la crédibilité de ces solutions est sujette à caution. Comme le modèle social-démocrate en crise, y compris auprès des classes populaires qui  étaient traditionnellement favorables aux socialistes, les électeurs ont donc fait confiance, dans la majorité des pays, à des partis de droite.

« Scores durables en Europe de l’Est »

LCI.fr : Les droites populistes et l’extrême droite peuvent-elles rééditer leurs bons scores lors de futures élections nationales ?
J.-Y. C. : En Europe de l’Est, ce ne sera pas uniforme. En Pologne, l’extrême droite semble définitivement marginalisée. Mais ailleurs, c’est probable en raison du manque de confiance dans les élites et de la corruption. En outre, l’intégration dans l’UE rend ces pays d’Europe centrale et orientale plus sensibles à la crise des pays de l’Ouest. Auparavant, sous le système soviétique, ils étaient épargnés. Il peut donc y avoir un sentiment de nostalgie. Mais comme il n’y a plus d’extrême gauche, voire de gauche, dans ces pays, le mécontentement s’exprime dans le populisme.

LCI.fr : Et en Europe de l’Ouest ?
J.-Y. C. : Aux Pays-Bas, Geert Wilders devrait rééditer sa performance. Pour le BNP, en raison du mode de scrutin au Royaume-Uni (ndlr : scrutin uninonimal majoritaire à un tour), ce sera très difficile. Les électeurs privilégieront le vote utile. Les seules élections où il peut percer, ce sont l’équivalent des municipales et les Européennes.